Francis Lalanne. Other. Toi, Mon Vieux Copain. Zeneszám
Toi, mon vieux copain,
Cette nuit, je t'ecris
Parce que je ne vais pas bien,
Parce que j' suis tout seul
Et que j'ai pas envie
De me saouler la gueule.
J' sais qu' si t'etais la,
Je pourrais m'appuyer sur toi
Comme autrefois, mais y a tant de kilometres
Entre toi et moi.
J' suis fatigue
De plus savoir quoi faire
De mes mots d'amitie.
C'est moche d'etre si loin
Quand on a si souvent cuve le meme vin.
On etait gamins. Depuis, on a fait du chemin.
Je m'en souviens comme si c'etait demain.
C'etait au lycee, les trois-quarts d' la journee.
On se faisait vider.
Seuls dans les couloirs, on avait l'air d'etre les fantomes du manoir.
On f'sait des projets en buvant cafe sur cafe.
Nos recreations finissaient toutes au bar de la station.
Et toi, mon vieux copain,
T'accrochais toujours un sourire a mes chagrins.
Des 8 heures du mat', on f'sait des plans pour s'evader du cours de maths.
Les cours de philo, on revait glaces et menthe a l'eau.
Les cours d'histoire, on les passait a se raconter nos histoires.
Et nos secrets,
Batailles navales pour faire semblant de travailler.
Quand y'en avait marre, on se f'sait virer pour aller sur le trottoir
Rue Emile Sicard, et se faire bronzer comme des lezards.
On regardait tomber le soir.
Et tout ce temps-la, on revait de voyages, on parlait de nanas.
Les jours de cafard, on refaisait le monde en fumant le cigare.
Les jours de folie, on n'en avait jamais fini
Pour n'importe quoi, de s'faire un maximum de cinema.
Non, mon vieux copain,
Maintenant que se sont separes nos chemins,
Moi Lettres et toi Droit, chacun sa fac et chacun sa vie devant soi.
Moi j' suis a Paris, et toi t'es reste au pays
Et c'est trop peu, si on s'ecrit qu'on est heureux ou malheureux.
Mais ne crois pas,
Que j' pense a toi seul'ment les jours ou ca va pas.
J' pense a toi souvent, et je sais qu'on est toujours amis comme avant.
Reponds comme tu veux. Te fais pas d'bile pour moi, mon vieux.
Quand je t'ecris, j' me sens toujours mieux.
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Francis Lalanne